Bulletin 03 | Décembre 2025
IDENTITÉS
L'importance des identités fortes : branding, marketing et communication dans le sport.
Dans un monde où le sport et les marques sont étroitement liés, une stratégie marketing ciblée, une communication efficace et une image de marque bien pensée sont essentielles. Nous mettons en lumière la manière dont les athlètes et les clubs ne se contentent pas de présenter leurs performances sportives, mais développent également une personnalité forte qui occupe une place centrale au sein de leur communauté, auprès de leur public cible et de leurs sponsors. Nous examinons également la manière dont les entreprises et Swiss Olympic développent leur identité à l’ère numérique et se positionnent sur le marché et auprès de leurs parties prenantes. Vous découvrirez des informations intéressantes, les dernières tendances et des exemples inspirants qui montrent comment une stratégie marketing, une stratégie de marque et une communication bien pensées peuvent mener à un succès durable. Nous vous souhaitons un agréable moment à la découverte de ces multiples facettes !
Alban, tu es champion du monde M20 en 2024. Tu es encore très jeune, et pourtant, tu pratiques déjà le marketing et la communication à haut niveau. D’où viennent cette affinité et ce savoir-faire ?
Alban: Je dirais que mes proches, l’armée sportive et mon envie d’apprendre m’ont permis d’obtenir de bonnes bases en terme de marketing. Mes proches m’ont beaucoup conseillé que ce soit sur les formulations de phrases, des éléments à intégrer dans mon dossier de sponsoring ou bien même sur les manières de m’habiller lors de rendez-vous importants.
Lors de mon école de recrue à l’armée Sportive, il y’a eu des ateliers qui m’ont permis d’acquérir des connaissances sur la façon de se vendre, ou bien de se présenter aux médias. Et puis pour finir, le fait d’être directement sur le terrain et de contacter soi-même les entreprises m’a donné la possibilité d’obtenir ces bases en matière de marketing.
Dans quelle mesure un certain degré de professionnalisme en matière de marketing et de communication est-il important pour les athlètes aujourd’hui ?
Je pense qu’il est très important, voire nécessaire d’être un maximum professionnel et à l’aise avec la communication et le marketing car en tant qu’athlète de haut niveau, on sera souvent confronté à des situations où l’on devra s’exprimer publiquement et aussi quelques fois se mettre en avant.
Je pense que démontrer une certaine aisance dans ces domaines permet de faire la différence auprès des sponsors, desquels, les sportifs qui ne sont pas salariés dépendent beaucoup.
Je dirais que ton nom est déjà bien établi. Quelle importance accordes-tu à la création de ta marque personnelle ?
Je n’ai pas vraiment réfléchi à me créer une marque personnelle, j’essaye de rester authentique et naturel avec les personnes que je rencontre. Je dirais donc que je ne porte pas vraiment d’importance au fait de me créer une marque personnelle, mais plutôt à être foncièrement intègre et respectueux.
Quelles stratégies utilises-tu pour faire connaître ta marque et susciter l’intérêt ? Et quelles tendances observes-tu ?
Il est important selon moi de montrer deux choses à la personne qui me lit pour lui susciter son envie de me lire:
L’intérêt que je porte à son entreprise et le fait que le message est personnalisé et que ce n’est pas juste un texte copié collé. Pour faire connaître ma marque, j’essaye de donner souvent des nouvelles aux personnes que j’ai contactées.
As-tu des conseils à donner à d’autres athlètes qui souhaiteraient développer leur propre marque ?
En conseils, cela reprend les points du haut mais je dirais :
- Rester soi-même et ne pas essayer de se donner des aires de quelqu’un d’autre.
- Faire des textes personnalisés en s’étant renseigné sur les entreprises auparavant plutôt que de juste envoyer le même dossier à tout le monde.
- Prendre le temps car ce sont des choses qui en demandent alors je dirais qualité > quantité. Selon moi il vaut mieux envoyer 10 bonnes demande de sponsoring plutôt que d’en envoyer 100.
- S’il l’on veut se professionnaliser un maximum, se créer un site internet (options gratuites, j’ai fait le mien sur Canvas par exemple), réseaux sociaux (comme LinkedIn par exemple) et avoir des bonnes photos pour le dossier de sponsoring.
- Demander conseil à ses parents ou ses proches pour des formulations, des contacts, des idées d’entreprises à contacter.
Tous ces conseils ont fonctionné pour moi, donc je ne dirais pas qu’il fonctionnent pour tout le monde mais ils peuvent aider.
Quels sont, selon toi, les canaux et les plateformes les plus efficaces pour assurer ta propre promotion ?
Je trouve que LinkedIn, Instagram et mon site internet me permettent de publier au mieux les communications en rapport avec mes sponsors.
Quelles mesures prends-tu pour maintenir l’authenticité et la crédibilité de ta communication ?
Pour maintenir une crédibilité et une authenticité, je pense que cela commence par moi. Je n’utilise donc pas d’IA pour créer mes textes et encore une fois comme répondu à la question 5, il est important pour moi de prendre du temps pour ça. Puis j’essaye aussi de varier mes communications dans la mesure du possible.
Comment gères-tu les critiques publiques ou les commentaires négatifs pour protéger ta marque ?
Je n’ai pas vraiment reçu de critiques négatives, mais plutôt des conseils de mes proches. Je les prends avec plaisir car ça me permet d’apprendre et de m’améliorer.
Quel rôle les événements communautaires ou les tournois d’escrime locaux jouent-ils dans ta stratégie de marketing et de promotion ?
Je n’ai pas à proprement dit de stratégie marketing, si je participe à des événements communautaires ou des tournois d’escrime locaux, c’est plutôt par envie que par directive marketing.
Y a-t-il eu des actions ou des campagnes médiatiques particulières qui t’ont permis d’accroître ta notoriété ?
Je dirai que lorsque j’ai été invité pour la première fois sur le plateau télé du Léman Bleu ou bien lorsque je crée des publications sur Instagram relatifs à des événements qui ont eu lieu avec mes sponsors, il y’a plus de répercutions auprès de mon public.
Tu disposes aujourd’hui d’un portefeuille considérable de sponsors et de partenaires. Comment sélectionnes-tu les sponsors et les partenaires potentiels, et comment parviens-tu à les convaincre de ton potentiel et de l’originalité de l’escrime ?
J’avais en tête un certain nombre de sponsors que j’ai toujours voulu avoir et après mon titre de Champion du Monde je me suis dit que je pouvais les contacter.
J’ai donc plutôt ciblé les entreprises avec des valeurs qui me sont chères et dans des domaines qui m’intéressaient comme l’horlogerie ou bien le monde financier.
Je pense que les entreprises sont convaincues de mon potentiel grâce à mon titre de Champion du Monde Junior ainsi que par mon investissement et par ma détermination.
À quoi fais-tu attention lors d’une collaboration ?
Lors d’une collaboration, j’essaye de faire attention à ce que tout soit fait correctement et que les contreprestations sur lesquelles on s’est mis d’accord sont bien réalisables.
Je pense qu’il est important qu’il n’y ait pas de malentendus entre les deux parties et que les attentes soient les mêmes.
As-tu des conseils à donner à d’autres athlètes sur la manière d’augmenter leur visibilité et de trouver des sponsors ?
Pour se mettre en avant et gagner en visibilité, je pense qu’il est important d’être investi et d’oser se mettre en avant, sans pour autant être vaniteux. Par contre, il ne faut pas selon moi se forcer à publier, mais plutôt le faire si l’on en a l’envie.
Il est important d’être présent sur les réseaux, mais je ne dirais pas que c’est une obligation auprès de tous les sponsor même si effectivement chez certains c’est une nécessité.
Enfin, ton grand objectif est Los Angeles 2028. Outre les objectifs de performance sportive, as-tu déjà prévu des mesures de marketing et de communication pour te soutenir ?
Je n’ai pas vraiment réfléchi à des mesures de marketing en vue de mon objectif de qualification aux Jeux Olympiques, mais j’aviserais au moment venu ! D’abord, j’aimerais me concentrer sur le côté sportif.
Beni, nos lecteurs te connaissent pour ta carrière de footballeur professionnel, ton rôle de conférencier, d’entraîneur et d’expert footballistique à la SRF, mais aussi pour ta personnalité. Honnêtement, à quel point la transition vers la vie après une carrière active est-elle difficile, et quels sont les principaux défis à relever ?
Beni: Je pense que chaque sportif de haut niveau vit cela différemment. Plusieurs aspects peuvent poser problème. On me demande souvent si l’absence d’applaudissements a été le plus gros problème après ma retraite. Ce n’était pas le cas. J’ai eu beaucoup plus de mal à trouver une nouvelle identité professionnelle et à surmonter la perte de ma passion pour le football. En tant que sportif de haut niveau, j’étais un « expert ». Après ma retraite, beaucoup me regardaient avec pitié et me disaient que retrouver un emploi serait difficile. Au début, je ne savais pas comment gérer cette pitié. Heureusement, ce n’est plus un problème aujourd’hui, et je suis épanoui dans ma carrière post-sportive.
Dans le sport, il arrive régulièrement que des athlètes prennent leur retraite de leur retraite pour diverses raisons. Selon toi, quel est le pourcentage de ceux qui reprennent le sport parce qu’ils ont du mal à se réorienter après leur carrière sportive ?
Le boxeur poids lourd Joe Louis a inventé la phrase : They never come back. Je ne connais pas le pourcentage d’athlètes de haut niveau qui reviennent après avoir pris leur retraite. Je déconseillerais à quiconque de le faire, car il est rare de retrouver son ancien niveau de performance. De plus, le processus de transition entre la carrière sportive active et la carrière post-sportive est simplement repoussé de 2 à 3 ans. Et la vie réserve bien d’autres choses après une carrière sportive de haut niveau.
« Beni Huggel » – ton nom est désormais une marque. Que représente cette marque aujourd’hui ?
Merci pour cette question et pour avoir associé mon nom au terme « marque ». Je ne peux pas donner de réponse professionnelle à cette question. Une sélection de commentaires de nombreuses personnes va dans le sens suivant : authentique, honnête, parfois drôle et auto-ironique.
Je constate que l’image que beaucoup de gens ont de moi lorsqu’ils me parlent en personne correspond assez bien à l’impression qu’ils ont de ma personnalité publique. Cela inspire probablement confiance.
En quoi ta stratégie d’autopromotion en tant qu’entrepreneur et expert télévisé diffère-t-elle de celle que tu avais lorsque tu étais encore footballeur professionnel ?
Bonne question. En tant que footballeur, je ne m’en suis pas beaucoup soucié. Le FC Bâle était et reste très populaire à Bâle, mais très impopulaire dans le reste de la Suisse. De plus, je n’ai commencé à utiliser les réseaux sociaux qu’après ma carrière. Et je n’ai qu’une stratégie limitée, car j’utilise ces canaux principalement pour le plaisir.
De nombreux jeunes athlètes actifs se font connaître principalement via les réseaux sociaux. Selon toi, quels sont les avantages et les inconvénients de cette stratégie ?
Les opportunités sont nombreuses et il est très judicieux d’utiliser ces canaux comme plateforme pour diffuser des informations personnelles, passionnantes ou sportives. Contrairement à l’époque où je pratiquais activement ce sport et où cela n’existait pas encore, il est désormais possible de diffuser son opinion sans filtre et indépendamment des journaux, etc. Le risque est que certains utilisateurs exposent leurs propres difficultés sur leurs profils de réseaux sociaux. Et que ce soit avec ou sans les réseaux sociaux, le succès suscite la jalousie.
La leçon n° 1 est qu’on ne peut pas plaire à tout le monde et qu’il faut suivre son propre chemin. Il ne faut donc pas lire les commentaires négatifs. Et si cela arrive malgré tout, il faut bloquer la personne et ne pas lui répondre.😎
«It’s not what you know, it’s who you know» – dans quelle mesure est-il important, dès la période active en tant que sportif professionnel, de se constituer un réseau personnel pour la carrière d’après ? Et comment celui-ci devrait-il idéalement être structuré ?
C’est très important. Les contacts que tu noues pendant ta carrière active peuvent t’aider à l’avenir.
À titre d’exemple, il est utile de se renseigner sur les personnes que l’on pourrait rencontrer lors d’événements et de se préparer à ces rencontres. Il faut ensuite montrer un intérêt sincère. Il faut aussi acquérir quelques compétences pour orienter la conversation. Il arrive souvent que les sportifs soient constamment interviewés. Cela flatte l’ego, mais on n’apprend rien sur son interlocuteur. Il faut donc poser des questions et montrer de l’intérêt.
Avec Dave Heiniger et Niels Hintermann, tu as fondé « Athletes Network », le réseau suisse pour les athlètes actifs et anciens athlètes, dont Swiss Fencing est également partenaire. Peux-tu nous expliquer brièvement l’idée qui se cache derrière ce projet ?
L’idée est de répondre à deux besoins. D’une part, celui des entreprises qui recherchent des collaborateurs dotés d’un bon état d’esprit, celui des athlètes, et d’autre part, celui des sportifs de haut niveau qui, avec leurs parcours variés, souhaitent s’intégrer dans le monde du travail pendant ou après leur carrière sportive.
Quelles mesures marketing et communication avez-vous prises lors de la création de l’entreprise pour faire connaître Athletes Network et le présenter de manière attrayante aux partenaires, investisseurs, collaborateurs et athlètes ? Quelle importance ont eu ton nom et ta notoriété dans ce contexte ? Quelle importance ont-ils encore aujourd’hui ?
Nous avons communiqué via nos réseaux sociaux. Principalement via les miens, car au début, le cofondateur Dave Heiniger n’avait pas encore de compte Instagram…😜 Je pense que ma notoriété m’ouvre souvent des portes et brise la glace, et cela nous aide certainement encore aujourd’hui.
Comment ta conception du succès a-t-elle évolué depuis que tu as raccroché tes crampons ?
Bonne question. Ma perception a complètement changé, car j’ai d’abord dû m’initier à d’autres disciplines. J’ai l’impression d’être encore en phase d’apprentissage. De plus, plus le temps passe, plus je considère que le succès réside dans les relations familiales et amicales.
Swiss Fencing accorde une grande importance à la planification de carrière après la fin de la carrière sportive professionnelle. C’est une situation gagnant-gagnant lorsque le savoir-faire existant des athlètes continue d’être utilisé et développé pour l’escrime. Que propose exactement l’Athletes Network dans ce domaine aux fédérations sportives et aux clubs ? Sur notre plateforme d’emploi, réservée aux athlètes et accessible uniquement après connexion, toutes nos entreprises, associations, clubs, etc. partenaires peuvent publier leurs offres d’emploi. Cela signifie que les offres d’emploi des associations et clubs sont également mises à la disposition des athlètes.
Pour Swiss Fencing, cela offre la possibilité de proposer des emplois à tous les athlètes de haut niveau, et pas seulement aux escrimeurs.
De plus, malgré leur grand savoir-faire, tous les athlètes de haut niveau ne souhaitent pas nécessairement trouver un emploi dans le milieu sportif à la fin de leur carrière. C’est pourquoi nous adoptons une approche holistique.
Quel rôle jouent la formation continue et le perfectionnement professionnel des athlètes dans la préparation à une carrière après le sport ?
Nous sensibilisons et encourageons tous les athlètes de haut niveau à se préparer de manière éducative à l’après-sport de haut niveau. Pour les athlètes qui peuvent se qualifier de sportifs professionnels, c’est généralement la seule et la plus importante possibilité de se préparer à l’après-sport. De plus, on conseille à une personne qui travaille dans un bureau de faire de l’exercice et du sport pour compenser. Le même principe s’applique dans l’autre sens. Il est très judicieux pour un athlète de haut niveau de suivre une formation à distance ou continue pour compenser. Et en tant que membres du réseau Athletes Network, les athlètes de haut niveau bénéficient même d’une réduction sur les cours dispensés par nos partenaires de formation.
Selon toi, quelles sont les erreurs les plus fréquentes commises par les athlètes dans la planification de leur carrière après le sport ?
C’est justement dans les sports où l’attention, la gloire et l’argent sont au rendez-vous que les athlètes se surestiment souvent. Je lis régulièrement qu’ils aimeraient transmettre leur expérience. Il n’est pas si facile de monétiser cela intelligemment.
De plus, les athlètes qui arrêtent leur carrière ne se donnent pas assez de temps pour se forger une nouvelle identité professionnelle. Il n’est pas nécessaire de connaître à nouveau un immense succès six mois après la fin de sa carrière.
Pour conclure, Beni : quels conseils donnerais-tu aux athlètes qui envisagent de se lancer dans l’entrepreneuriat après leur carrière sportive ?
C’est l’une des possibilités professionnelles qui s’offrent à vous après ou pendant une carrière sportive de haut niveau.
Mon expérience montre que l’entrepreneuriat est aussi un sport/une discipline et qu’il est judicieux de se préparer à cette étape.
Je conseille notamment à tous ceux qui souhaitent se lancer dans la création d’entreprise d’échanger avec d’autres personnes qui ont déjà franchi ce cap. Une formation en gestion d’entreprise aide certainement aussi à éviter les erreurs faciles.
Madame Charbonnet-Lusson, vous êtes co-présidente de la Société d’Escrime de Sion (SES). Comment êtes-vous arrivée à cette fonction ?
Séverine Charbonnet-Lusson : J’ai d’abord été investie en tant que maman de deux jeunes escrimeurs qui tirent toujours au sein de la Société d’escrime de Sion, puis en charge de l’organisation d’une journée de ski pour les membres et encore responsable en tant que secouriste lors du tournoi annuel tout en étant présente au stand gaufre. J’ai ensuite pris le relais du poste d’Evelyne Rivat Métrailler qui a œuvré 7 ans en tant que secrétaire du club et responsable médias au comité de la SES. En définitive, j’ai annoncé mon intérêt pour reprendre la co-présidence de la SES lors du départ de l’un d’eux. Je remercie d’ailleurs le co-président, Jean-Charles Zimmermann d’être toujours à mes côtés. Avec ma fonction professionnelle, infirmière-cheffe, le leadership ne m’est pas étranger et l’envie de m’investir pour l’escrime en Valais était bien présente.
Sur votre site Internet, on peut lire l’histoire de la SES, une histoire très mouvementée ! Pouvez-vous décrire en quelques phrases qui est la SES aujourd’hui et ce qui la caractérise ?
L’histoire de la Société d’escrime de Sion est riche d’un énorme palmarès (voir sur le site), mais ce qui caractérise ce club, c’est surtout le côté familial qui y règne. Lors des entraînements, les seniors et les élites tirent contre les plus jeunes ou les moins expérimentés ce qui crée une belle énergie, profitable pour tous.
Il ne faut pas oublier l’esprit valaisan qui est montagnard et très combatif comme l’affirmait déjà le fondateur du club Michel Evéquoz en 1945.
Pour mener une action marketing ciblée, il est essentiel de comprendre les spécificités de votre zone de chalandise. Pouvez-vous décrire les caractéristiques et les défis auxquels vous êtes confronté ?
Les défis sont à la hauteur des particularités du Canton du Valais. Sion est au milieu de la Vallée du Rhône avec une population de 37.000 habitants environ. Les vallées latérales et les communes autour de la Capitale pourvoient de nombreux escrimeurs. Excepté les habitants de la ville de Sion, toutes les autres personnes intéressées par la pratique de l’escrime à la SES doivent se déplacer par leur propre moyen, car postal, train, mais surtout en voiture depuis les différentes vallées. Il faut trouver des solutions pour cette population dispersée en faisant du covoiturage par exemple. L’escrime reste cependant un sport confidentiel par rapport à la multitude d’offres sportives que sont le football, le hockey, le basket, le ski, l’athlétisme.
Les défis de l’escrime en Valais sont de travailler à entretenir sa visibilité dans la presse locale et internationale, de mettre en avant ses résultats dans toutes les catégories afin de perdurer dans l’esprit des gens. La zone de chalandise est exclusivement valaisanne.
Les spécificités de Sion et de ses environs sont-elles déterminantes pour la définition de vos groupes cibles, la structure de vos membres et l’offre de la SES ?
Le maximum est entrepris pour répondre aux demandes des membres, à ce qui leur correspond. Le club est représentatif de la population valaisanne. Pendant de nombreuses années, sans la palette actuelle de sports en tout genre, les enfants de la Ville de Sion allaient à pied à la salle d’armes. C’était simple et une bonne école de vie pour ces petits escrimeurs dont certains sont devenus de grands champions (Evéquoz, Pfefferlé, Lamon, Géroudet, etc). Récemment, une actrice valaisanne connue expliquait à la télévision ses années d’escrime au club qui avaient été importantes durant son enfance.
Chaque canton ne possède pas sa propre association d’escrime. En quoi la collaboration avec l’Association Valaisanne d’Escrime (AVES) est-elle étroite et quelles sont les synergies qui peuvent être utilisées ?
L’Association valaisanne d’escrime (AVES) a été créée en 1998 par un petit groupe d’escrimeurs passionnés. Depuis ce temps, elle continue à œuvrer pour faire la promotion de l’escrime au niveau cantonal. La collaboration a beaucoup évolué au fil des années. Il y a eu une augmentation des clubs, une plateforme de discussions et de projets communs, par exemple avec l’organisation d’un Championnat valaisan, d’une Coupe valaisanne en plusieurs manches réparties sur la saison, des manifestations promotionnelles (Family Games, démonstrations dans des supermarchés), l’achat de matériel en commun (pistes, tenues d’escrime, équipement pour adultes pour des soirées d’entreprises…), une collaboration avec des moniteurs J+S qui ont emmené des jeunes Valaisans découvrir l’ambiance des Championnats d’Europe (Bâle) et des Championnats du monde (Milan).
Ce qui se passe à l’AVES pourrait être un exemple de ce qui pourrait exister au niveau suisse.
Dans quelle mesure collaborez-vous avec des écoles locales, d’autres clubs sportifs ou des organisations afin d’accroître votre portée ?
Le maximum est entrepris pour faire découvrir l’escrime au plus grand nombre. A chaque rentrée des classes, il y a des « Portes Ouvertes » qui se tiennent à la salle dans une belle ambiance où des petits et leurs parents peuvent enfiler le masque et tenir une épée pour la première fois, encadrés par le Maître d’armes, les tireurs du club et les seniors, avec une raclette à déguster après l’effort. Il y a également le sport scolaire facultatif tout au long de l’année, le « Passeport vacances » en été, des interventions dans les collèges.
Quels sont les principaux canaux que vous utilisez pour communiquer avec vos membres et les nouveaux membres potentiels ?
L’usage le plus fréquent est l’envoi de mails réguliers aux membres pour les informer des différents tournois, des rappels de manifestations. Le site du club est mis à jour avec des nouvelles régulières concernant ses membres. Les parents et les jeunes correspondent ensuite sur un groupe WhatsApp pour l’organisation des trajets pour se rendre à un tournoi, pour retrouver une veste perdue, pour transmettre des photos de podium ou autres. Bref, c’est un outil indispensable pour avoir des réponses rapides.
Comment organisez-vous vos relations publiques afin de promouvoir l’intérêt pour l’escrime et pour la SES ?
Evelyne Rivat Métrailler : Depuis plus de 15 ans, suite à une demande de l’AVES (Association valaisanne d’escrime), je suis la responsable communication cantonale pour tout ce qui concerne ce sport. En ayant suivi de nombreuses compétitions à travers la Suisse et l’Europe grâce à mon fils escrimeur, j’ai pu acquérir une certaine connaissance de ce sport passionnant.
La Suisse de l’escrime est minuscule sur l’échiquier international : environ 2850 licenciés alors qu’il y en a 60.000 en France. Pour cette raison, il est primordial de communiquer de manière régulière.
Le journal cantonal (Le Nouvelliste) est le moyen le plus sûr de transmettre des informations sportives. Après chaque tournoi : Coupe du monde senior, U20, Circuit européen U17, U23, CNJ, loisirs, vétérans, je transmets un petit texte avec les résultats et podiums ainsi qu’une photo au responsable de la rubrique Sports du journal. L’article paraît ensuite en ligne, puis sur la version papier le lendemain du tournoi. Cette visibilité dans les médias participe à l’intérêt de la population pour ce sport. La mention du nom des athlètes dans le journal est très importante, car en Valais, tout le monde se connaît, surtout par les noms de famille. C’est une société marquée par une forte appartenance communautaire. Les enfants sont aussi ravis qu’on parle d’eux, encore plus s’il y a une photo ! Pour des événements tels que les Championnats d’Europe ou du Monde, la télévision locale (Canal 9) ou bien la RTS font souvent des reportages. Cette visibilité médiatique est un faire-valoir auprès des donateurs ou des sponsors.
Avez-vous une stratégie de création et d’organisation d’événements ou de tournois ?
La stratégie est de donner de son temps ! Le comité essaie d’avoir de nouvelles idées, de créer des manifestations originales et de réunir des familles autour de l’escrime. La mobilisation collective est extrêmement importante.
Le tournoi de la Jeunesse de Sion en mars est reconnu pour sa belle ambiance, mais la force de ce tournoi est due à l’investissement des enfants, des parents et le bénévolat de tous ses membres. Il y a une volonté de mener à bien ces deux jours de compétition, d’attirer du monde, d’inviter la famille plus élargie à suivre les combats sur les pistes. L’aspect convivial est aussi très important avec des stands de raclette, de crêpes, de tombola, de partage tout simplement.
Vous disposez d’un nombre considérable de sponsors et de partenaires. Comment s’organise le recrutement de sponsors pour la SES ?
Les partenaires importants et réguliers sont principalement la Ville de Sion, la Bourgeoisie de Sion, le Fonds du Sport avec la Loterie Romande. Tous les autres sponsors mis en avant lors du tournoi de Sion et sur un carnet de fête sont le fruit de la récolte de dons grâce aux réseaux des membres. Nous en profitons pour les remercier de leur engagement envers notre société d’escrime.
Chaque année, les enfants, leurs parents et leur cercle plus élargi participent activement à la recherche de sponsors spécifiquement pour le tournoi. Cela demande beaucoup d’énergie, mais maintient les liens entre tous. Une lame ou un petit cadeau est parfois offert au membre qui a recruté le plus de dons ou de sponsoring.
Existe-t-il des campagnes spécifiques qui ont été particulièrement réussies ? Quelles leçons en avez-vous tirées ?
Les campagnes déjà citées plus haut : « Family Games », les « Portes Ouvertes » sont des actions qui permettent à la population valaisanne de côtoyer au plus près des champions, d’essayer la pratique de l’escrime, d’échanger avec le Maître, de lire régulièrement les bons résultats des tireurs dans la presse…tout cela participe à la promotion de ce sport.
Le Maître d’armes a un rôle également important, car il partage ses connaissances, ses enseignements et crée une synergie dans la salle.
Ce début de saison coïncide justement avec l’arrivée d’un nouveau Maître pour la SES, Maître Vassilis Georgiadis qui remplace Maître Jean-Pierre Torda qui a enseigné durant 20 ans à la SES.
Quelle est l’importance des témoignages ou des histoires de réussite de vos membres – je pense par exemple à Alexis Bayard ou Lucas Malcotti – pour le succès de la SES ?
Les résultats internationaux récoltés depuis de nombreuses années par les escrimeurs valaisans et dont la presse se fait l’écho régulièrement alimentent l’intérêt de la population pour ses athlètes. Actuellement, Alexis Bayard et Lucas Malcotti très souvent cités dans la presse ont eu l’honneur de recevoir les éloges des autorités cantonales lors de plusieurs soirées festives telles que les Mérites sportifs valaisans, la Soirée du Sport de la Ville de Sion avec des discours, apéros et moments conviviaux.
Grâce à la sélection d’Alexis Bayard aux JO 2024 de Paris, de nombreux membres se sont retrouvés dans un café de la Vieille Ville pour un brunch et pour le suivre sur un écran en direct.
Lorsque le Club de Sion a gagné en 2023 la Coupe d’Europe des clubs champions, à Cagliari, une première en Suisse, les autorités cantonales, la télévision locale, le responsable du Fonds du Sport se sont déplacés pour féliciter en personne les quatre athlètes (Alexis Bayard, Lucas Malcotti, Clément Métrailler et Nicolas Albrecht).
De nombreux clubs d’escrime luttent contre le fait que les jeunes talents arrêtent l’escrime après un certain temps pour diverses raisons. Connaissez-vous également ce problème au sein de la SES ? Si oui, quelles sont les mesures que vous prenez pour enrayer cet exode ? Si ce n’est pas le cas, pouvez-vous nous révéler le secret de votre réussite ?
Le sport en Suisse et l’escrime de surcroît ne sont pas valorisés comme c’est le cas dans d’autres pays. Il est donc évident qu’il y a des moments clés où le jeune arrête le sport pour se consacrer à son travail ou ses études. Quelques-uns arrivent à trouver des solutions pour continuer la pratique de l’escrime, mais c’est toujours un combat lié à l’aspect financier.
Certains escrimeurs arrêtent en étant jeunes, mais reviennent parfois après leurs études ou leur formation. Il y a un mouvement perpétuel au niveau du club.
Il n’y a pas tellement de mesures à prendre. C’est plutôt une ambiance de club à conserver pour donner envie aux gens de rester ou de revenir.
Pour ce qui est du secret de la réussite, c’est comme la recette du fromage : on ne la donne pas !
Et pour finir, une dernière question : quelles sont vos visions pour la SES ?
Séverine Charbonnet-Lusson : En tant que co-présidente de la SES, ma vision ou mes objectifs sont d’augmenter les membres, de populariser toujours plus l’escrime et le handi-escrime pour perpétuer la mise en valeur de ce sport magnifique au niveau national et international.
En tant que professionnelle de la santé, la pratique de l’escrime est un atout pour la jeunesse d’aujourd’hui et de demain. Il me tient particulièrement à cœur d’en faire la promotion. En effet, l’activité physique, la concentration, la prise de décision, le dépassement de soi, l’acceptation de l’échec, la persévérance sont des atouts majeurs pour le développement des jeunes. C’est pourquoi je soutiens activement la pratique de l’escrime, une véritable école de vie.
Du monde de la publicité aux sommets olympiques : Marc, comment as-tu réussi à passer du monde de la publicité au poste de directeur du marketing et de la communication chez Swiss Olympic ?
Marc: J’ai fait ce « saut » vers Swiss Olympic il y a environ huit ans et je ne l’ai jamais regretté jusqu’à aujourd’hui. Au contraire : le monde du sport suisse me fascine encore aujourd’hui par sa diversité et son dynamisme, du sport amateur au sport de haut niveau. Même si, à l’époque, il s’agissait pour moi d’une reconversion dans le domaine du sport, j’ai pu m’appuyer sur mon expérience dans le marketing et la communication. Et sur ma passion pour le sport, car j’ai pratiqué le tennis de compétition dans ma jeunesse.
En quoi ton quotidien chez Swiss Olympic diffère-t-il de tes emplois précédents ?
La principale différence réside certainement dans le fait que chez Swiss Olympic, je travaille pour une seule entreprise, ou marque. Lorsque je travaillais dans le conseil en gestion et dans une agence, je m’occupais de plusieurs entreprises et de différentes marques.
Le marketing – beaucoup de gens ne savent pas exactement ce que cela signifie. Peux-tu expliquer en quelques phrases à nos lecteurs comment tu définis le marketing dans le contexte de ton travail chez Swiss Olympic ?
Au sein de notre département, nous nous concentrons sur deux domaines du mix marketing : d’une part, la gestion de la marque et la communication de Swiss Olympic. Nous voulons faire vivre la marque Swiss Olympic et l’équipe olympique suisse, et informer notre communauté des activités de Swiss Olympic. D’autre part, nous nous occupons de la commercialisation du thème olympique en Suisse. Nous gérons les partenariats internationaux du CIO et entretenons notre propre famille de partenaires Swiss Olympic dans le but de créer et de développer des partenariats axés sur les valeurs pour le sport suisse.
Une phrase que tu as certainement déjà entendue au cours de ta carrière : « Le département marketing gaspille énormément d’argent. » Est-ce vrai ?
Je vois bien sûr les choses tout autrement…
À mon avis, les dépenses du département marketing constituent toujours des investissements dans une marque forte et fiable, qui est le fondement de notre organisation.
Mais bien sûr, l’utilisation des ressources doit être proportionnée et judicieuse.
Quelle est l’importance du marketing ? Quelle est son importance pour Swiss Olympic ?
Chez Swiss Olympic, la promotion du sport est au premier plan et le travail de marketing et de communication joue un rôle de soutien, qui est toutefois important pour le fonctionnement de Swiss Olympic.
Quels sont les groupes cibles au centre de ton travail et comment ton équipe est-elle structurée pour répondre aux besoins de chacun ?
En fonction de la tâche de communication, nous nous adressons à différents groupes cibles. Les fédérations sportives et les athlètes sont au centre de nos préoccupations. Des campagnes spécifiques s’adressent également, par exemple, aux entraîneurs, aux bénévoles ou aux enseignants dans les écoles. Mais en réalité, nous voulons nous adresser à l’ensemble de la population suisse intéressée par le sport et l’informer sur les précieux programmes de Swiss Olympic.
Notre équipe est structurée de manière à ce que les spécialistes en communication s’occupent de domaines clairement définis au sein des départements Swiss Olympic Team, Sport et Gestion des fédérations.
Quel rôle jouent les partenariats et les sponsors dans ta stratégie marketing et communication ? Peux-tu nous parler d’un succès particulièrement marquant ?
L’acquisition et le suivi de partenariats internationaux et nationaux constituent la base de nos efforts de commercialisation. Nous sommes reconnaissants des nombreux partenariats de longue date que nous avons noués avec des entreprises, grandes ou petites, qui s’engagent en faveur du sport suisse.
La prolongation à long terme des partenariats avec Ochsner Sport et On pour la Swiss Olympic Team Collection jusqu’en 2034 est sans aucun doute un beau succès. Cela nous donne, ainsi qu’à nos partenaires, une sécurité de planification pour le domaine des vêtements, qui nécessite de longs délais de production.
Parlons maintenant de la nouvelle identité visuelle de Swiss Olympic, que toi et ton équipe avez mise en œuvre en 2020 en collaboration avec une agence. Quelle était la raison de cette refonte ?
Nous avons pris cette décision il y a environ cinq ans, car l’identité visuelle de l’époque était quelque peu dépassée. Nous voulions donc rafraîchir l’image de marque de Swiss Olympic et la rendre plus émotionnelle.
Il était important pour nous de viser une évolution prudente plutôt qu’une révolution. Nous nous sommes appuyés sur nos atouts bien établis et avons simplifié et réduit l’univers typographique et visuel afin de l’adapter au monde en ligne.
Le slogan « Spirit of Sport » : comment ce slogan influence-t-il l’ADN de votre stratégie marketing et communication ?
Le slogan « Spirit of Sport » est en quelque sorte la promesse de la marque Swiss Olympic, qui repose sur les valeurs olympiques fondamentales que sont l’excellence, le respect et l’amitié.
Il incarne la position de Swiss Olympic en faveur d’un sport suisse sain, respectueux, équitable et performant, et constitue le fil rouge de toutes les mesures de communication et de marketing.
Numérique, réseaux sociaux, IA : comment intégrer les réseaux sociaux, les plateformes numériques et l’intelligence artificielle dans votre stratégie marketing et communication ?
Comme nous communiquons généralement via nos propres canaux, les sites web sous forme de hubs de contenu et nos réseaux sociaux sont essentiels pour générer du trafic. Ce sont nos principaux outils de communication.
L’intelligence artificielle prend ainsi une importance croissante, que ce soit dans le domaine de la traduction, de la conception ou du développement de contenus textuels et visuels.
Peux-tu nous parler d’une campagne ou d’une initiative particulièrement réussie que tu as mise en œuvre chez Swiss Olympic ?
Nos campagnes d’activation des fans autour des Jeux Olympiques suscitent toujours le plus d’intérêt. Elles permettent de mettre la population suisse, très friande de sport, dans l’ambiance des Jeux à venir et de l’inciter à soutenir l’équipe olympique suisse. Pour les Jeux Olympiques de 2024 à Paris, nous avons par exemple créé le Swiss Olympic Fan-Phone. Grâce à celui-ci, les fans de sport ont pu envoyer leurs messages de félicitations directement à la délégation à Paris via WhatsApp.
Avec près de 2 000 messages et plus de 10 millions d’impressions, cette initiative a très bien fonctionné et les athlètes, comme Nino Schurter, ont beaucoup apprécié ces messages.
Comment mesurez-vous le succès de vos stratégies et campagnes ?
Nous réalisons des rapports réguliers sur les performances de nos sites web et de nos réseaux sociaux, ainsi que des évaluations sur la réalisation des objectifs de nos campagnes à l’aide d’indicateurs de réussite prédéfinis. La mesure du succès est un élément important de notre travail et nous aide à apprendre et à nous améliorer.
Et pour finir : quelle est ta vision personnelle pour le développement du marketing et de la communication chez Swiss Olympic ?
Je vois ici deux défis à relever : d’une part, Swiss Olympic, en tant que PME, doit suivre le rythme effréné de la numérisation et des possibilités offertes par l’intelligence artificielle. Les nouvelles possibilités technologiques doivent nous aider à travailler encore plus efficacement. D’autre part, nous allons examiner comment nous pouvons nous organiser de manière encore plus efficace et agile pour traiter les thèmes de communication de Swiss Olympic.
Loïc, tu es sur les pistes avec le sabre depuis 2014. Tu as 16 ans cette année, et pourtant, tu pratiques déjà le marketing et la communication à haut niveau. D’où vient cette affinité, ce savoir-faire ?
Loïc: Je dirais que c’est venu naturellement. J’ai toujours aimé créer des choses : des visuels, des montages, des vidéos. En parallèle de l’escrime, j’aime raconter une histoire à travers des couleurs, des symboles, des mots. Et petit à petit, à force de pratiquer, j’ai développé de l’expérience dans ces domaines. Je n’ai pas suivi de cours ou de formation précise, j’ai simplement expérimenté, observé ce qui fonctionnait, appris de mes erreurs et cherché à rendre chaque élément plus professionnel que le précédent. Le marketing n’est pas pour moi une stratégie, mais plutôt une forme de langage.
L’escrime est un sport de niche. Il est donc peu visible pour le public. Tu pratiques le sabre, qui, contrairement à l’épée, est encore moins répandu et moins connu. Dans ce contexte, une question : quelle est l’importance d’un certain degré de professionnalisme en matière de marketing et de communication pour les jeunes athlètes comme toi ?
C’est essentiel, surtout pour un sport comme le nôtre.
On ne peut pas juste attendre que la visibilité tombe du ciel : il faut aller la chercher. C’est une vraie compétence à développer.
Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, on peut très vite toucher beaucoup de monde, mais encore faut-il savoir comment se différencier des autres pour être mis en avant. C’est une grosse étape pour non seulement avancer sa carrière sportive, mais aussi pour donner envie aux plus jeunes de découvrir et de pratiquer l’escrime. Il y a plusieurs années, la communication était vu comme un « bonus ». Aujourd’hui c’est devenu une nécessité, surtout dans les sports qui ne bénéficient pas d’une médiatisation massive.
Tu as créé ta propre marque, LA Fencing, autour de ta personne. Quelle est l’idée derrière cette marque et pourquoi as-tu choisi l’anglais ?
L’idée est de montrer avec autre regard mon parcours dans l’escrime, comme une vitrine. C’est un projet vivant, qui évolue avec mes projets et mes envies. Cela me permet de mettre en scène ce que je vis – les entraînements, les compétitions, … – tout en gardant une identité forte. Le choix de l’anglais, c’est parce que j’ai toujours vu mon projet au-delà des frontières francophones. L’escrime rassemble des milliers de personnes venant du monde entier, et je voulais que le nom parle directement à tout le monde, peu importe d’où on vient. Et puis mes initiales « LA » ajoutent une signature qui permet de relier tout ce que je fais sous une même identité.
Quelles stratégies utilises-tu pour faire connaître ta marque et susciter l’intérêt ?
Je combine plusieurs approches : je crée du contenu régulier sur les réseaux sociaux (avec des stories pendant les compétitions et des vidéos de performances), je travaille l’identité visuelle de manière cohérente, et je lie ma communication à l’actualité des compétitions.
J’essaie d’apporter une vraie expérience complète à ceux qui me suivent, en étant le plus proche possible d’eux.
C’est un vrai challenge, car il faut tout faire soi-même (création, gestion, publication) tout en restant athlète. Mais c’est aussi ce qui rend le projet si personnel.
Quels sont les canaux et les plateformes les plus efficaces pour assurer au mieux ton autopromotion ?
Je trouve que Instagram reste le plus efficace pour moi. C’est visuel, rapide, interactif, et ça me permet d’être en contact direct avec la communauté. Les stories permettent de partager l’instant présent, et les publications plus travaillées de poser une esthétique. J’utilise aussi mon site web comme base principale : on y retrouve tout ce qui me concerne, des infos pratiques aux articles de blog, en passant par le calendrier et mes résultats de la saison. YouTube, pour l’instant, est surtout utilisé pour héberger des vidéos complètes de mes matchs. C’est un format brut, mais qui plaît à ceux qui veulent suivre l’action sans coupure ou analyser les assauts. À terme, j’aimerais y proposer aussi des montages plus travaillés, des résumés ou même des contenus immersifs. Mais pour l’instant, ma chaîne se concentre sur les matchs en intégralité. TikTok est une plateforme que j’observe aussi, surtout pour toucher une audience plus jeune, mais je suis encore en phase de test. En parallèle, je développe aussi la partie physique pour que la marque existe aussi hors écrans : articles personnalisés, supports imprimés ou autres.
Y a-t-il eu des actions ou des campagnes médiatiques particulières qui t’ont aidé à accroître ta notoriété ?
Oui, certaines apparitions m’ont permis de toucher un public plus large. Par exemple, mes passages sur la chaîne Nyon Région Télévisions ont été des moments importants. Ça m’a donné une visibilité locale forte. En dehors de ça, je n’ai pas encore mené de « campagne » au sens traditionnel du terme. Mais certaines publications ont eu un vrai impact, surtout lorsqu’elles sont partagées par d’autres athlètes, clubs ou même la fédération. Mais ce qui fait vraiment la différence, selon moi, c’est la régularité. Être cohérent et présent dans le temps, c’est ce qui construit une image forte. À long terme, c’est ce qui permet de gagner la confiance de ceux qui suivent, mais aussi de potentiels partenaires.
On ne construit pas une marque ou une réputation sur un seul post viral : c’est l’ensemble du travail qui laisse une trace.
Voici mes quatre apparitions chez Nyon Région Télévisions :
https://youtu.be/bTP9pvaiCLY
https://youtu.be/ieIOZag7hmw (9:22)
https://www.nrtv.ch/fais-voir-ta-region/fais-voir-ta-region-jeudi-20-fevrier-2025/
https://www.nrtv.ch/fais-voir-ta-region/fais-voir-ta-region-lundi-3-mars-2025/
As-tu des conseils à donner à d’autres athlètes qui souhaiteraient développer leur propre marque ?
Il faut tout d’abord rester authentique. C’est, selon moi, la base de tout. On peut créer la plus belle identité visuelle du monde, si elle ne reflète pas qui on est vraiment, ça se sent.
Il ne faut pas chercher à copier ce que font les autres, mais à développer un univers en accord avec sa personnalité.
Ensuite, investir un peu de temps dans l’apprentissage de la communication visuelle est très important. Ce n’est pas nécessaire d’avoir un budget énorme ou de tout faire parfaitement dès le départ, mais comprendre les bases, comme la cohérence graphique, l’esthétique, la lisibilité, permet de se distinguer. Même si on est jeune et qu’on débute, avoir une image soignée peut tout changer dans la perception que les autres ont de nous. Enfin, il ne faut pas sous-estimer les petites actions, comme un post bien pensé, un message personnel ou une photo prise au bon moment.
La proximité, l’attention aux détails, et la régularité sont des armes puissantes. Et surtout : il faut oser. On apprend en faisant, en testant.
Ton site Internet est très bien fait et contient également une partie éducative qui présente les différentes armes olympiques. Dans quelle mesure ta promotion personnelle est-elle liée à la promotion du sabre ?
Les deux sont complètement liés. Je ne cherche pas seulement à mettre en avant mon parcours ou mes performances. J’ai aussi envie de transmettre, d’expliquer, et de donner envie de découvrir ce sport. La section éducative du site, c’est une manière de rendre l’escrime plus accessible à ceux qui ne la connaissent pas.
Et plus précisément, je veux mettre en lumière le sabre, qui est souvent le moins connu des trois armes.
Il est plus rapide, plus explosif, et plus intuitif à regarder une fois qu’on en comprend les règles. En me mettant en scène dans ce contexte avec mes assauts, mes entraînements et mes vidéos, j’essaie de faire vivre le sabre autrement. Si ma promotion personnelle peut aussi servir à donner une autre image de l’arme, alors c’est une double victoire.
Te considères-tu comme un ambassadeur de l’escrime au sabre ?
Oui, dans une certaine mesure. Je ne prétends pas représenter tout le sabre, mais j’essaie à mon échelle de le faire connaître et de lui donner une image plus dynamique.
Je pense qu’il est important que de jeunes athlètes prennent aussi cette responsabilité, car nous sommes les visages que d’autres vont voir en premier. Si on peut inspirer ne serait-ce qu’une ou deux personnes à découvrir ce sport, alors on a déjà servi à quelque chose.
Les partenaires et les sponsors sont essentiels pour tous les athlètes afin de faire progresser leur carrière sportive. Comment décrirais-tu tes activités dans ce domaine ? Quels sont les défis à relever ?
C’est une dimension que je développe progressivement. Je travaille d’abord à créer une image sérieuse et cohérente, parce que c’est ce que les sponsors regardent en premier : est-ce qu’on a un projet clair, une vision, une identité ? Je prépare aussi des dossiers de présentation, je réfléchis à des propositions de collaboration sur mesure, pour que chaque partenaire sente qu’il est intégré au projet, pas juste collé dessus. Le plus grand défi, c’est qu’en tant que jeune athlète dans un sport peu médiatisé, il faut convaincre sans forcément avoir encore un palmarès international. Du coup, je mets en avant ce que je peux offrir d’unique : ma capacité à créer du contenu de qualité, ma régularité dans la communication, ma proximité avec une communauté jeune et engagée.
C’est un travail de fond, qui peut être long et difficile, mais je le prends comme une partie intégrante de ma progression sportive.
Quel rôle jouent les tournois d’escrime internationaux et locaux, ainsi que les événements communautaires, dans ta stratégie de marketing, de promotion et de recherche de soutien financier ?
Les tournois, qu’ils soient locaux ou internationaux, sont des moments clés. D’abord parce qu’ils offrent un contenu naturel : des matchs, de l’intensité, des émotions, des images à capturer. Ensuite, parce qu’ils permettent de montrer l’engagement, la régularité, et l’évolution. Les événements communautaires jouent un autre rôle : ils permettent de créer du lien sur le terrain, de rencontrer des partenaires locaux potentiels puis d’ancrer le projet dans la région.
Pour moi, chaque événement est une opportunité de communication, mais aussi un moment pour justifier un soutien : en montrant que je suis actif, présent, impliqué et que je crée une base solide pour aller chercher du financement.
Dans quelle mesure ton club, le Cercle d’escrime de Founex, te soutient-il dans ta planification de carrière et dans ta recherche de financement ?
Le Cercle d’Escrime de Founex est un pilier dans mon parcours. Depuis mes débuts, il m’offre un cadre solide pour m’entraîner, progresser et viser l’excellence. L’encadrement technique est de grande qualité, et l’environnement du club me permet d’évoluer à un niveau toujours plus élevé.
En ce qui concerne la planification de carrière, le club joue un rôle discret mais essentiel : il m’encourage à prendre des initiatives, à développer mes propres projets et à tracer mon chemin, tout en restant exigeant sur le plan sportif. Sur le plan financier, le modèle est plutôt individuel.
C’est à moi de construire mes soutiens et de chercher les ressources nécessaires pour avancer. Le club, bien qu’il ne prenne pas en charge cet aspect, reste toujours à l’écoute et bienveillant, ce qui est déjà un vrai soutien moral.
Quels sont les partenaires et sponsors que tu aimerais avoir si tu pouvais en choisir un ?
Si je pouvais choisir un partenaire, une maison horlogère serait un rêve. Ça serait une marque suisse emblématique, innovante, qui incarnerait à la fois la précision, l’élégance et la performance : des valeurs très proches de l’escrime. En plus, leur siège social étant basée proche de chez moi, il y aurait aussi un aspect local et symbolique fort. Un partenariat avec une maison horlogère serait l’opportunité de faire rayonner l’escrime à travers une marque qui a déjà un impact mondial dans le sport, notamment dans le football ou le tennis. Ça enverrait un message fort : que l’escrime aussi mérite d’être mise en lumière à ce niveau.
Contrairement aux donateurs, les sponsors attendent une contrepartie pour les droits qu’ils ont acquis. Que peux-tu leur offrir ?
C’est justement pour ça que j’ai décidé de construire une véritable identité autour de LA Fencing. En créant une marque, on donne aux sponsors un support clair, identifiable, et attractif : c’est là tout l’intérêt. Ce que je peux offrir, c’est donc de la visibilité : sur les réseaux sociaux, à travers des contenus soignés, mais aussi sur les tenues, lors des compétitions nationales et internationales, et dans les différents supports que je développe autour de mon parcours (vidéos, site, campagnes visuelles, etc.). Et comme je contrôle entièrement ma communication, je peux m’adapter rapidement à ce que la marque souhaite mettre en avant.
Et pour finir, quels sont tes objectifs sportifs ? Prévois-tu déjà des mesures d’accompagnement en matière de marketing et de communication ?
Sportivement, je veux continuer à progresser sur le circuit national et international, viser des podiums, intégrer des structures d’élite, et me rapprocher des grands objectifs : championnats d’Europe, du Monde, et pourquoi pas, un jour, les Jeux Olympiques. Pour l’instant, je gère moi-même tout ce qui touche au marketing et à la communication. Je construis pas à pas mon image, en développant des projets comme LA Fencing ou en produisant du contenu sur les réseaux. C’est un vrai investissement personnel, qui me tient à cœur. Mais je sais aussi que, sur le long terme, il faudra éviter de tout porter seul. À l’avenir, j’envisage de m’entourer pour alléger cette charge et pouvoir me concentrer davantage sur ma performance.
Trouver le bon équilibre entre carrière sportive et visibilité, c’est un défi en soi, et je veux le relever intelligemment.
Tobias, tu es président du Zuger Fechtclubs. Comment es-tu arrivé à ce poste ?
Tobias: Comme beaucoup d’autres personnes occupant des postes similaires, je suis arrivé à ce poste par hasard. Le président sortant m’a demandé de prendre la relève et j’ai accepté. J’ai donc commencé mon premier mandat en 2012 sans aucune expérience au sein d’un comité directeur. J’ai quitté mes fonctions entre-temps, puis j’ai immédiatement entamé mon deuxième mandat. Le président en exercice m’a de nouveau demandé de prendre la relève et j’ai accepté.
Le Zuger Fechtclub a été fondé en 1951 et reste à ce jour le seul club d’escrime du canton de Zoug. Dans le domaine du marketing et de la communication, il est essentiel d’avoir un positionnement clair. Peux-tu décrire en quelques phrases ce qu’est aujourd’hui le club d’escrime de Zoug et ce qui le caractérise ?
Nous sommes un club de formation qui encourage aussi bien le sport amateur que le sport de compétition. Nous accompagnons nos membres tout au long de leur parcours, depuis leurs premiers pas dans l’escrime jusqu’aux tournois nationaux et internationaux. Notre objectif est d’établir l’escrime à Zoug, d’encourager les talents de manière ciblée et de créer des conditions optimales pour tous nos membres.
« Ensemble, sur les pistes, à côté et derrière celles-ci, nous créons un environnement dans lequel la réussite personnelle est inévitable. » Cette phrase n’est pas seulement l’expression de vos valeurs, mais aussi une promesse. Pouvez-vous l’expliquer à nos lectrices et lecteurs ?
Il est important de savoir que nos valeurs ont été élaborées en collaboration avec nos membres. Les idées proviennent pratiquement toutes de nos membres.
Il était important pour nous que ce ne soit pas le comité directeur qui définisse des lignes directrices, mais que tous les membres comprennent et mettent en œuvre nos valeurs.
« Sur la piste » désigne l’escrime au sens propre du terme. « À côté de la piste » décrit les conditions cadres nécessaires. Cela comprend par exemple la formation des entraîneurs et des arbitres, la planification des entraînements, etc. « Derrière la piste » englobe toutes les autres activités du club telles que les fêtes et les manifestations, mais aussi les tâches du comité directeur telles que la gestion des membres ou la recherche de sponsors.
Vous comptez aujourd’hui une centaine de membres, dont deux tiers ont moins de 20 ans. Est-ce le reflet de votre stratégie ou est-ce simplement le fruit du hasard ?
La composition actuelle des membres est le résultat d’une augmentation du nombre d’adhésions qui a commencé il y a environ 10 ans. L’accent a toujours été mis sur le recrutement de jeunes membres, ce qui explique la situation actuelle.
Vous proposez des cours pour débutants destinés aux jeunes et aux personnes âgées. Est-il difficile de convaincre les adultes de s’inscrire à des entraînements réguliers après le cours d’essai, et quelles mesures prenez-vous pour les fidéliser ?
Pendant les cours pour débutants, un accompagnement étroit est assuré. Ce n’est plus le cas lors des entraînements réguliers. Nous relevons ce défi en organisant par exemple des exercices en groupe de manière à ce que chaque membre puisse s’entraîner avec un partenaire de même niveau. De plus, nous avons introduit il y a près d’un an un nouveau bloc d’entraînement réservé aux adultes. Nos membres plus âgés peuvent ainsi rester entre eux. L’intégration des adultes dans le club s’en trouve facilitée.
Sport de masse et sport de compétition : vous proposez des entraînements pour ces deux domaines. Comment structurez-vous votre offre pour répondre aux besoins des deux, quels sont les défis à relever et quel rôle jouent les parents ?
Le sport de compétition ne peut se développer que sur une large base. Il faut donc toujours mettre l’accent sur la promotion du sport de masse. Certains athlètes de haut niveau peuvent toutefois avoir un effet d’entraînement et servir de modèles pour les plus jeunes. C’est pourquoi ces deux domaines sont interdépendants.
Le grand défi consiste à satisfaire tous les membres. Le club d’escrime de Zoug propose deux entraînements pour tous.
Les escrimeurs ambitieux peuvent toutefois bénéficier d’un soutien supplémentaire dans notre groupe de promotion. Cela comprend par exemple la participation à une soirée d’entraînement supplémentaire. Ces possibilités d’entraînement supplémentaires s’accompagnent toutefois également d’obligations.
Les parents jouent un rôle très important pour les jeunes escrimeurs. Ils les aident financièrement, les conduisent souvent aux entraînements ou aux compétitions et les soutiennent moralement lorsque les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes. Mais les parents peuvent aussi exercer une pression incroyable sur les enfants et les adolescents. Beaucoup d’entre eux n’en ont parfois même pas conscience.
En collaboration avec la ville de Zoug, vous proposez un cours de sport scolaire annuel aux enfants de la 1re à la 6e classe. Avez-vous déjà pu constater dans quelle mesure ces cours sont déterminants pour que ces enfants deviennent des membres actifs de votre club après les cours ?
Le cours d’éducation physique à Zoug est dispensé depuis plus de 40 ans sans pratiquement aucun changement.
Une nette majorité de nos membres provient du sport scolaire. Celui-ci constitue donc la principale source de nouveaux membres.
Le cours dure un an et est dispensé par les entraîneurs du Zuger Fechtclubs. L’équipe d’entraîneurs peut ainsi établir une base solide au cours de ces mois. Les participants peuvent également découvrir l’ambiance du club. L’expérience montre que cela facilite grandement le passage au club et l’intégration qui s’ensuit.
Le Zuger Fechtclub est considéré comme l’un des clubs suisses disposant d’un grand savoir-faire dans l’organisation de tournois : Challenge Hardy Stocker, Championnats suisses élite et bien d’autres encore. Quelle est la stratégie qui sous-tend votre sélection de tournois et quels sont les tournois qui vous intéressent en tant que club ?
Nous organisons des tournois pour trois raisons. Premièrement, parce que les tournois génèrent des bénéfices qui sont très importants pour le club. Les tournois juniors rapportent davantage et sont plus lucratifs d’un point de vue financier. Un CNJ par an est donc budgété de manière fixe. Un championnat suisse présente l’avantage d’avoir une grande importance et peut donc jouer un rôle important, par exemple dans le domaine du sponsoring ou du marketing. Deuxièmement, nous voulons permettre aux débutants en escrime de Zoug de se lancer dans les tournois grâce à un tournoi organisé à Zoug. Beaucoup de nos escrimeurs ont fait leur première expérience de tournoi à Zoug. Troisièmement, nous voulons aussi rendre quelque chose à la scène suisse de l’escrime. L’absence de compétitions serait désastreuse pour l’escrime suisse.
Quelle est l’importance de ces tournois pour votre club en termes de notoriété, d’image, de recrutement de membres, de travail d’équipe et d’attractivité pour les sponsors ?
Bien sûr, chaque tournoi nous permet de gagner en notoriété et nous place un peu sous les feux de la rampe, tant au niveau national que régional. Cela nous rend attractifs pour les sponsors.
Mais un tournoi offre également l’occasion de réunir des représentants des autorités, des mécènes, des sponsors ou des membres d’honneur. Je constate également que de nombreux parents qui nous soutiennent lors des tournois apprennent ainsi à mieux se connaître. Cela crée un climat de confiance et peut déboucher, par exemple, sur la mise en place de covoiturages pour se rendre aux tournois.
L’organisation du tournoi est complexe et nécessite des bénévoles motivés. Comment parvenez-vous à recruter suffisamment de volontaires ?
Nous communiquons très activement sur nos tournois et sur le fait que nous avons besoin de toute l’aide possible. Cela se fait à la fois par le biais d’e-mails d’information et de discussions personnelles. Ainsi, la plupart des membres sont conscients de l’importance de leur aide. En fin de compte, nous établissons toutefois de manière très pragmatique un plan d’intervention et avons stipulé dans un règlement que l’aide est obligatoire.
Le Zuger Fechtclub peut compter sur un nombre considérable de sponsors. Comment se déroule exactement la recherche de sponsors ?
Le sponsor doit connaître sa contrepartie. Rares sont ceux qui soutiennent une association par pure bonne volonté. Cet avantage permet de montrer aux sponsors potentiels pourquoi leur soutien en vaut la peine.
Mais cela nécessite fondamentalement des relations personnelles, beaucoup de temps et de persévérance.
Quels canaux utilisez-vous principalement pour communiquer avec vos membres et vos nouveaux membres potentiels ?
La plupart des informations destinées aux membres sont envoyées par e-mail. Certaines d’entre elles sont également publiées sur notre site web. Nous utilisons principalement les réseaux sociaux pour faire connaître notre quotidien en matière d’entraînements et de tournois, tant à nos membres qu’aux personnes extérieures. Les personnes intéressées nous rejoignent après avoir lu un article, vu une publication sur les réseaux sociaux ou grâce à leurs contacts personnels avec l’un de nos membres. Les échanges se font ensuite par e-mail, parfois aussi par téléphone.
Menez-vous des actions de relations publiques ciblées afin de promouvoir l’intérêt pour l’escrime, les tournois et votre propre club ?
Il faut distinguer deux types d’actions : les relations publiques, qui s’adressent à un large public, et celles qui se déroulent en coulisses et s’adressent directement aux autorités ou aux décideurs politiques. Nous ne nous concentrons pas sur les premières pour le moment, car nous enregistrons depuis longtemps une augmentation du nombre de nos membres.
L’échange avec la ville et le canton de Zoug ainsi qu’avec leurs représentants est l’une de mes tâches principales. C’est uniquement grâce à ces excellentes relations que nous avons pu, par exemple, presque doubler nos heures d’entraînement au cours des cinq dernières années ou organiser un à deux tournois par an dans la salle de sport de Zoug.
Quand on regarde vos publications sur les réseaux sociaux ou votre site web, on a l’impression que l’équipe et le travail d’équipe occupent une place centrale chez vous. Qu’est-ce qui caractérise votre équipe, et quels sont selon vous les avantages et les défis du travail d’équipe ?
Il est essentiel que les valeurs du club soient incarnées par tous, du comité directeur à l’équipe d’entraîneurs en passant par les membres : combativité, amitié, progrès. Ainsi, tout le monde partage les mêmes objectifs. Cela crée des liens et incite les membres à se soutenir mutuellement, à éviter toute jalousie, mais aussi à se motiver les uns les autres et à se pousser à donner le meilleur d’eux-mêmes. Pour maintenir cet état d’esprit, il faut toutefois appliquer ces valeurs en permanence, ce qui n’est pas toujours facile et demande beaucoup de temps et de persévérance de la part de tous.
Que fais-tu pour que l’équipe reste motivée ?
J’essaie de montrer l’exemple. Je prends très à cœur le proverbe « le poisson pourrit par la tête ». De plus, j’essaie toujours de traiter tout le monde d’égal à égal, afin que chacun soit pris au sérieux, qu’il s’agisse d’un membre du comité directeur ou d’un entraîneur junior.
Et pour finir, une dernière question : quelle est ta vision pour le Zuger Fechtclub?
Oh, il y en a beaucoup. Mais la plupart sont sans doute utopiques. Si je devais néanmoins citer un objectif concret, ce serait la création d’une salle d’escrime dans la région de Zoug. Mais pour moi, il est plus important de penser et d’agir selon la devise « Think big, start small ».
Les fondations doivent être suffisamment solides pour pouvoir relever et surmonter de nouveaux défis. C’est pourquoi le club d’escrime de Zoug ne doit jamais perdre ses valeurs fondamentales et son ADN.
Je travaille chaque jour à la réalisation de cette vision et j’espère que mes successeurs penseront et agiront de la même manière.
Chiara, j’aimerais tout d’abord parler de la marque elle-même. OYM – « On Your Marks » – rien que le nom est tout un programme ! Que cache ce nom puissant et mémorable ?
Chiara: Le nom « On Your Marks » vient du signal de départ utilisé dans le sport et signifie littéralement « À vos marques » – une expression qui évoque la concentration, la préparation et la performance maximale au moment décisif. C’est exactement ce qu’incarne OYM : des infrastructures hautement spécialisées pour l’entraînement athlétique, la rééducation, des espaces de performance sportive ultramodernes et la recherche interdisciplinaire, le tout sous un même toit.
L’OYM a ouvert ses portes il y a cinq ans à Cham et est depuis considéré comme l’établissement le plus moderne d’Europe pour le sport de haut niveau – nos escrimeurs en sont ravis. En Suisse, l’OYM est déjà très bien établi. Quelle est la situation à l’étranger ?
L’intérêt pour OYM ne cesse également de croître à l’échelle internationale. Nous accompagnons déjà des athlètes de différents pays. Cet été, nous avons accueilli des sprinteurs sud-africains, Tadej Pogačar et son équipe se sont préparés ici pour les Championnats du monde de cyclisme l’année dernière et l’équipe nationale suédoise a utilisé nos infrastructures pendant l’Euro de football cette année. Notre objectif est de faire d’OYM une référence internationale dans le domaine du sport de haut niveau à long terme.
Avec le slogan publicitaire « HEJ ZÄME », vous avez pu accueillir en juin l’équipe nationale suédoise de football féminin. Celle-ci a établi son camp de base à l’OYM pendant l’UEFA Women’s Euro 2025. Combien d’efforts une telle visite nécessite-t-elle, depuis les préparatifs et l’intégration jusqu’aux prestations de l’OYM et au suivi ?
Pendant son séjour, l’équipe nationale suédoise a principalement utilisé nos infrastructures, et un tel séjour nécessite beaucoup de préparation. Des mois à l’avance, nous avons planifié les processus avec la direction de l’équipe : des horaires d’entraînement à la logistique sur place, en passant par l’utilisation des salles et la restauration. Au total, plus de 60 joueuses et membres du staff ont séjourné à l’OYM, auxquels s’ajoutaient chaque jour plus de 30 journalistes. Pendant le tournoi, il s’agissait de tout coordonner sans accroc et de réagir avec souplesse aux demandes de dernière minute.
Après le départ, un travail de suivi a été effectué afin de consigner les expériences et les commentaires. L’effort a été considérable, mais il s’agissait également d’un processus précieux qui nous aidera à progresser dans nos projets futurs.
Dans quelle mesure OYM peut-il tirer profit de telles visites, outre l’aspect financier ?
Ces visites sont une occasion précieuse de présenter notre travail à un public international. Elles renforcent notre réseau dans le domaine du sport de haut niveau et permettent de faire connaître notre expertise dans de nouveaux pays et dans de nouvelles disciplines sportives. Elles augmentent également la visibilité de l’OYM.
Tant dans les médias que dans le monde du sport, cela souligne notre ambition d’être l’une des meilleures adresses pour les performances de haut niveau.
Quelles mesures marketing et communication avez-vous définies pour continuer à accroître la notoriété d’OYM ? Quel rôle joue la collaboration avec les athlètes, les fédérations et les organisations, les médias ainsi que les personnalités connues du monde du sport, de l’économie, des sciences ou de la politique ?
Nous mettons clairement l’accent sur les athlètes : ils sont au cœur d’OYM et sont nos meilleurs ambassadeurs.
Nous souhaitons donner encore plus d’informations sur les coulisses et montrer comment l’entraînement, la science et l’innovation interagissent chez nous. À travers des histoires authentiques que nous partageons avec les athlètes, nos partenaires et les médias, nous voulons rendre OYM plus accessible et montrer au monde entier notre passion pour la performance de haut niveau.
«Creating the perfect version of athletes.» Cela ressemble à une vision, une mission et une promesse. Pour être à la hauteur de tout cela, vous avez défini quatre domaines clés : entraînement sportif, gestion de la santé des athlètes, nutrition et recherche & développement. Chaque domaine regroupe des offres intéressantes pour actuellement 15 sports différents. Dans quelle mesure celles-ci peuvent-elles être personnalisées en fonction des différents sports et des besoins de chaque athlète ? Existe-t-il des offres qui ne doivent pas être personnalisées car elles conviennent à tout et à tous ?
Chez nous, la personnalisation est la clé.
Chaque athlète a des conditions, des objectifs et des contraintes différents, et c’est précisément à cela que nous adaptons tous nos concepts d’entraînement et d’accompagnement, de la musculation à la rééducation en passant par la nutrition.
L’OYMC (OYM College) a été fondé en 2018. Il permet à de jeunes talents de concilier leur sport et leur formation scolaire. Les activités scolaires sont coordonnées autour du sport de haut niveau. C’est un moyen très efficace de créer la version parfaite de chaque talent. Y a-t-il déjà des exemples de réussite dans ce domaine ?
Oui, nous avons déjà plusieurs exemples de réussite qui montrent à quel point la combinaison du sport et de l’école à l’OYMC est efficace. Les joueuses de l’académie de handball, qui ont réussi à s’expatrier grâce à des programmes d’entraînement et d’éducation personnalisés, en sont un exemple. Elles bénéficient d’une préparation optimale aux défis sportifs tout en profitant d’une formation scolaire solide.
L’OYMC a récemment été certifié « Swiss Olympic Sport School » par Swiss Olympic. Que signifie exactement cette certification et quels avantages apporte-t-elle ?
La certification Swiss Olympic Sport School est une reconnaissance importante du travail accompli par l’OYM College. Elle confirme que l’OYM College répond aux normes de qualité élevées de Swiss Olympic en matière de combinaison optimale entre sport et formation.
Pour les athlètes qui fréquentent l’OYM College, cela signifie avant tout une sécurité dans la planification, une formation officiellement reconnue et favorable au sport, ainsi que l’accès à un réseau de structures sportives suisses de haut niveau et de formation des jeunes talents.
Pour l’OYM College lui-même, il s’agit également d’un label de qualité qui renforce encore sa position d’institution leader dans la promotion des talents.
Swiss Fencing se réjouit du partenariat avec OYM rendu possible par la OYM Sports and Science Foundation. Cette fondation à but non lucratif est un outil précieux qui permet aux meilleurs talents d’accéder à OYM et d’y bénéficier d’un soutien complet. Qui a les meilleures chances de voir sa demande approuvée par le conseil de fondation ? Quel type de soutien peut être accordé ?
La fondation à but non lucratif OYM Sports and Science Foundation souhaite promouvoir les athlètes talentueux et leur permettre d’accéder à OYM. Les critères décisifs pour l’octroi d’une bourse par le conseil de fondation sont les performances sportives, la motivation et l’engagement, ainsi que la volonté de profiter de l’offre globale d’OYM.
En plus d’un don, il est possible d’adhérer au « OYM Circle », un cercle exclusif. Pourrais-tu nous expliquer brièvement en quoi consiste cette adhésion, comment vous la promouvez et quels avantages elle apporte aux sponsors et à OYM ?
L’adhésion au cercle exclusif OYM Circle s’adresse aux personnes et aux entreprises qui souhaitent soutenir OYM à long terme tout en bénéficiant d’un aperçu direct de notre travail dans le domaine du sport de haut niveau. Les membres profitent d’informations exclusives, d’événements et de projets ainsi que d’opportunités de réseautage.
Pour OYM, l’OYM Circle représente non seulement un soutien supplémentaire, mais aussi un réseau plus étroit avec des sponsors qui accompagnent activement notre vision et notre mission.
Et pour finir : peux-tu donner à nos lecteurs un aperçu des projets d’OYM pour les prochaines années afin d’offrir à la Suisse et peut-être aussi à l’étranger encore plus de l’excellente « expérience » OYM ?
Au cours des prochaines années, nous souhaitons permettre à davantage d’athlètes de participer à l’« expérience » OYM. Nous voulons ainsi montrer encore plus clairement aux athlètes, aux partenaires et aux fédérations ce que nous réalisons chaque jour, depuis nos quatre compétences clés jusqu’aux innovations issues de notre recherche. Parallèlement, nous continuons à développer notre réseau et à renforcer progressivement la visibilité internationale d’OYM. Ainsi, la passion et l’excellence qui nous animent peuvent être vécues non seulement en Suisse, mais aussi au-delà de nos frontières.
























